From Travel Writing to Anthropology and Political Activism: A Biography of Mary Edith Durham, an Early Ethnographer of Southeastern Europe
Résumé
Mary Edith Durham (1863-1944) mérite d’être reconnue comme l’une des toutes premières ethnographes du Sud-Est de l’Europe, aux talents multiples. Formée aux arts visuels, Durham a d’abord visité le Monténégro et les pays limitrophes pour en représenter des paysages et des scènes pittoresques. Elle a rapidement conçu un vif intérêt pour les traditions et les pratiques culturelles de diverses sociétés, et a publié plusieurs récits de voyage. On peut qualifier sa méthode ethnographique d’« itinérante » : au lieu de s’établir longuement auprès d’une même communauté, elle a voyagé de village en village, constituant ainsi une base de comparaison et de généralisation. Ses centres d’intérêt concernent tout autant la parenté, la religion que les traditions orales, les pratiques médicales que les conflits interethniques. Elle a pris des centaines de photographies, enregistré des chants traditionnels et collecté un grand nombre d’objets. Au début du XXe siècle cette activité de collecte attire l’attention d’anthropologues établis qui l’invitent à rejoindre le Royal Anthropological Institute, dont elle finira par devenir la première femme vice-présidente. Aujourd’hui encore, Durham est considérée comme une autorité sur la société et la vie politique de l’Albanie du début du XXe siècle. Présente sur place pendant les guerres balkaniques, elle a organisé une aide humanitaire, mettant souvent sa propre sécurité et sa santé en danger. Anthropologue autodidacte, elle s’est abstenue de prendre position dans les débats théoriques de sa discipline d’adoption. En revanche, elle a affirmé des opinions politiques tranchées sur la géopolitique du Sud-Est et a défendu farouchement les causes qu’elle soutenait.