Approche psychosociale de la fragilité chez des personnes âgées résidant dans un habitat intermédiaire au travers de la participation à des activités sociales et de loisirs - Université d'Orléans Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2016

Approche psychosociale de la fragilité chez des personnes âgées résidant dans un habitat intermédiaire au travers de la participation à des activités sociales et de loisirs

Résumé

L’OMS (2005) définit la qualité de vie comme « la perception qu’a un individu de sa place dans l’existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lesquels il vit en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. C’est un concept très large influencé de manière complexe par la santé physique du sujet, son état psychologique, son niveau d’indépendance, ses relations sociales ainsi que sa relation aux éléments essentiels à son environnement ». La notion de qualité de vie englobe plusieurs dimensions et de nombreux indicateurs objectifs ou subjectifs peuvent être utilisés comme le niveau des revenus ; l’index de santé physique et psychologique ; les relations et les activités sociales et les conditions de logement. Lorsque la qualité de vie est jugée insatisfaisante, cela peut correspondre à une diminution des aptitudes physiologiques et ainsi révéler un risque de fragilité. Cette fragilité est à prendre en compte chez les personnes âgées dans la mesure où elle va limiter les capacités d’adaptation ou d’anticipation des changements dus au vieillissement. Mise à part les facteurs biologiques, des facteurs sociaux et psychosociaux favorisent la fragilité, comme par exemple le confinement au domicile, l’absence de visites, de soutien social, l’isolement, le fait d’éprouver des difficultés particulières dans le logement. En effet, rester chez soi peut accentuer la fragilité lorsque le logement n’est plus adapté. Choisir de quitter son domicile pour intégrer un habitat intermédiaire comme le logement-foyer serait alors un moyen de lutter contrer la fragilité, d’une part parce que le logement serait adapté aux besoins de la personne âgée et d’autre part parce que cela permettrait de rompre l’isolement, d’avoir des relations sociales au travers d’activités. Peu de publications existent dans le domaine des activités sociales et de loisirs, mais celles dont nous disposons nous montrent un effet bénéfique sur la santé, le bien-être. En effet, de nombreux auteurs ont souligné l’importance du maintien d’activités significatives pour l’individu pour une meilleure qualité de vie (i.e., Carbonneau, 2012). Des travaux montrent que les loisirs et les activités de temps libre peuvent avoir des effets bénéfiques à différents niveaux du bien-être et participent ainsi à la qualité de l’adaptation (Joulain, Alaphilippe, Bailly, Hervé, 2009; 2010), en diminuant parallèlement les risques de dégradation physique, physiologique, cognitive, voire psychologique. Ils contribuent par exemple au maintien cognitif (Sanders et Verghese, 2007), qui serait lié à une moindre tendance à la dépression chez les âgés (Jorm, 2001). Inversement, les situations d’isolement ont été montrées comme souvent néfastes au bien-être psychologique (à travers un manque de reconnaissance ou face à la difficulté à maintenir ou à reconstruire des rôles sociaux par exemple), comme elles limiteraient le vécu d’expériences de loisirs (Pitaud, 2010). Notre étude, soutenue financièrement par la Maison des Sciences de l’Homme du Val de Loire (MSH-VDL) a eu pour but de prendre en compte plusieurs indicateurs de qualité de vie et de mettre en lien ses indicateurs avec les risques de fragilité liés au vieillissement chez les personnes âgées d’habitats intermédiaires. Quatre-vingt-quatorze résidents dans des logements-foyers ou Marpa ont répondu à un ensemble de questionnaires, dont 77 femmes (81,91%), 17 Hommes (18,02%) avec un âge moyen de 84,33 ans. Quatre-vingt-neuf personnes âgées vivent seuls (94,62%) et 30% d’entre elles n’ont pas d’animateurs dans leur établissement. Les participants à cette étude ont une bonne estimation de leur qualité de vie et ressentant avoir les ressources nécessaires pour faire face aux aléas de leur quotidien. Ce sont des sujets peu isolés, ayant un bon moral, n’étant pas dépressifs, ayant un sentiment d’efficacité, s’estimant en bonne santé et ayant une estime de soi élevée. Ces résidents sont également motivés pour les activités sociales et de loisirs même s’ils ressentent des contraintes personnelles. Les activités de loisirs les plus fréquentes citées sont : la télévision, la lecture et la radio. Ces personnes ne paraissent donc pas être dans une situation de fragilité. On peut supposer que c’est parce qu’elles ont des activités sociales et de loisirs, une vie sociale, le sentiment d’une santé qui ne pose pas de problème et qu’elles ont choisi un logement adapté qu’elles ont moins de risques de fragilité. Cette étude nous incite à mettre l’accent sur le dépistage et la prise en charge des personnes âgées fragiles de manière à prolonger le plus possible et dans des conditions acceptables le maintien à domicile. Cette prise en charge devrait avoir pour objectif de maintenir le tissu social afin d’éviter l’exclusion, sociale et le repli sur soi. Ainsi, l’adaptation du lieu de vie permettrait de se prémunir de l’apparition du syndrome de la fragilité. Cela implique un logement fonctionnel mais assurant aussi la sécurité de la personne âgée. Cela passe aussi par le maintien des interactions avec autrui, d’où la nécessité de prévoir des logements adaptés mais aussi proposant un encadrement par des hôtesses d’accueil, du personnel d’animation afin de maintenir ou développer le lien social. Cette étude souligne le rôle du contexte environnemental et social comme élément intégrateur dans la définition du concept de fragilité mais questionne également les liens complexes entre dépendance et fragilité. Deux limites sont à souligner. Premièrement, cette étude ne s’appuie pas sur des faits observables mais sur le ressenti des personnes interrogées. Deuxièmement, les personnes fragiles sont peut-être celles qui n’ont pas souhaité répondre aux questionnaires, celles qui ne se sont pas proposées volontaires pour participer à l’étude. Il est fort probable qu’il s’agisse des mêmes personnes qui ne participent pas aux animations proposées dans ces structures. En conséquence, ces personnes âgées sont donc plus difficiles à cerner. D’autres méthodologies et études doivent être mises en place (1) pour mieux objectiver ce concept de fragilité s’exprimant par un risque de déséquilibre et donc de bascule vers une perte de maîtrise des situations de vie et une augmentation des difficultés de la vie quotidienne et (2) pour vérifier qu’il faut une conjonction de ces difficultés et d’un environnement pour que la fragilité apparaisse.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02090710 , version 1 (05-04-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02090710 , version 1

Citer

Nathalie Martin, Nathalie Bailly, Claude Ferrand, Michèle Joulain. Approche psychosociale de la fragilité chez des personnes âgées résidant dans un habitat intermédiaire au travers de la participation à des activités sociales et de loisirs. Fragilité du sujet âgé, Mar 2016, Toulouse, France. ⟨hal-02090710⟩
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