Les risques impalpables du monde musical : 2 / Eviter ou déraper entre logos et pathos ? - Université d'Orléans Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Médecine des arts Année : 2007

Intangible Risks of the Musical World : 2/ Swinging or Dragging Between Logs and Pathos ?

Les risques impalpables du monde musical : 2 / Eviter ou déraper entre logos et pathos ?

Résumé

Discourses about the nature or beneficial effects of music is rarely tested for its validity, nor is it analysed for its epistemological origin. This is often due to the fact that music discourse is considered subordinate to music listening and performance, and also that total authority is given to the world of music composers and players (who, in principle, are better trained to produce musical works and performances than rational discourse and knowledge). This leads to a game of hide-and-seek between theory and practice, marked by an escalation of extra-disciplinary information wherein just about anything can be said about music with little risk of being contradicted : acts and thoughts are rarely regulated jointly both by practice (execution of works, techniques, audiences, but also ways of thinking) and by a modern epistemology (having both artistic and intellectual relevance). Accordingly, music offers fertile ground as well of powerful and flexible metaphors for ideologies off all kinds (as long as it gets praised). Such ideologies may therefore constitute a risk - currently a high one - for those who take their discourse too literally as they fail to grasp its paradoxes, origins, and possible contexts of applicability. After having analysed risk-valuing ideologies (part 1), the author talks about those witch, in the name of creativity and sensitivity required of the individual, call up both the romantic artist's eye to break away from reality (by poetizing human suffering as a means of consolation) and the figure of the child as an ideal itself (as an outlet for the cultural crisis that marked the 20th century). Yet can the artist's vision be effectively separated from his or her works, or from the codes that convey that vision to us, acting as a safeguard for the artist's activity - all the wile being called upon to fulfil the cultural roles of ensuring cohesion in society and of civilizing his beings ? Similarly, what is the educational worth of a system which, on the basis of purely aesthetic preoccupation, would set an objective whose definition reuses the figures of the wild, the alienated, or the child ? The present analysis demonstrates that these fallacious ideals are often the fruit of poorly assimilated, legitimizing borrowings, or of interdisciplinary encounters that have failed (for a lack of method, desire, or a semantic system shared by the all-too-heterogeneous domains of discourses about art, and the human social sciences).
Les discours tenus sur la nature ou les bienfaits de la musique font rarement l’objet d’une mise à l’épreuve de leur validité et d’une analyse de leur origine épistémologique. Cela tient souvent au fait qu’on les considère comme subsidiaires à l’écoute ou à la pratique et qu’on fonde alors toute autorité dans la parole des compositeurs et des interprètes (lesquels sont, en principe, moins formés à produire des discours rationnels et des systèmes de connaissances que des œuvres et des interprétations). Il s’ensuit un jeu de cache-cache théorie-pratique marqué par une surenchère d’informations extradisciplinaires et où l’on peut raconter à peu près tout ce qu’on veut sur le musical sans jamais risquer d’être trop facilement contredit : actes et pensée sont rarement régulés conjointement et par une pratique (d’œuvres, de techniques, de publics, mais aussi de méthodes de pensée) et par une épistémologie moderne (ayant une double pertinence artistique et intellectuelle). Ainsi, la musique offre un terrain accueillant et des métaphores puissantes et flexibles aux idéologies de tout bord (du moment qu’on la valorise). Ces idéologies peuvent alors constituer un risque, aujourd’hui accru, pour qui prendrait leurs discours trop « au pied de la lettre », n’en saisissant ni les paradoxes, ni l’origine, ni les contextes d’emploi possibles. Après l’analyse des idéologies de valorisation du risque (partie 1) nous aborderons celles qui, au nom de la créativité et de la sensibilité demandée aux individus, convoquent, d’une part, le pouvoir romantique du regard d’artiste à décoller de la réalité (afin de permettre aux hommes de se consoler de leurs souffrances en les poétisant) et, d’autre part, la figure de l’enfant comme idéal en soi (afin de trouver une issue à la crise de la culture qui marqua le XXe siècle). Or, ce regard de l’artiste peut-il être efficacement détaché des œuvres et des codes qui l’ont porté à nous et constituent les garde-fous de sa pratique – et cela de surcroît en étant toujours sommé d’assurer des fonctions culturelles de cohésion sociale et de civilisation des êtres ? De même, quelle est la valeur éducative d’un système établissant, à partir de préoccupations purement esthétiques, un objectif dont la définition reprendrait les figures du sauvage, de l’aliéné ou de l’enfant ? L’analyse démontre que ces idéaux fallacieux sont souvent le fruit d’emprunts légitimateurs mal assimilés ou de rencontres interdisciplinaires ratées (faute de méthode, de désir ou d’appareil sémantique commun entre les champs, trop hétérogènes, du discours sur l’art et des sciences de l’homme et de la société).
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01271271 , version 1 (08-02-2016)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01271271 , version 1

Citer

Laurent Guirard. Les risques impalpables du monde musical : 2 / Eviter ou déraper entre logos et pathos ?. Médecine des arts, 2007, 62, pp.34-43. ⟨hal-01271271⟩
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